Une dame âgée dans le grand marché de la ville. Elle est très petite et voûtée. Elle a des cheveux gris presque blancs qui portent la trace d’une ancienne mise en plis ou d’une permanente. Son visage est rond, on voit des rides autour de ses yeux bruns, elle porte un masque bleu. Elle est habillée d’une doudoune noire un peu longue et d’un pantalon gris comme un jogging qui n’aurait pas d’élastique aux chevilles. Elle a aux pieds des chaussures noires dans un tissu élastique tressé qui nous semblent de qualité et détonner dans la pauvreté de sa tenue. On les apercevra plus tard dans la devanture d’une pharmacie, ce sont des chaussures orthopédiques. Elle tire un chariot gris sur lequel elle s’appuie de temps en temps. Elle longe les étals des poissonniers en regardant par terre. Elle se penche, ramasse un brin de persil et tend le bras pour attraper un sac plastique. La poissonnière lui demande de ne pas le toucher et lui en donne un. Elle met avec beaucoup de précaution le brin de persil dans le sac puis ouvre son chariot et le met dedans et repart. Elle continue à regarder par terre. C’est certainement une glaneuse qui ramasse les produits jetés par les marchands et qui sont encore consommables. On pense qu’elle ne le fait pas par choix mais par nécessité. Dans ce moment où on ne peut pas s’approcher des étals, on se demande comment elle peut atteindre les produits. On se demande comment elle peut se nourrir. Elle arpente les allées. Son chariot est presque vide et ne contient que le brin de persil.