un jour, une description

19 février 2021

Une femme d’environ soixante-dix ans, ou même plus, dans une rue des beaux quartiers d’une grande ville du bord de mer. Elle n’est pas grande, mince et d’une rare élégance. Elle porte des chaussures « Richelieu » plates, bordeaux, des collants opaques, prune, une jupe sous les genoux et assez étroite d’un rouge sombre, une veste matelassée bordeaux, un foulard grenat et un bonnet prune dont dépassent quelque cheveux blancs coupés courts. Elle est donc entièrement habillée en une gamme de rouge dont aucun n’est un rouge vif mais qui vont du prune, le plus brun, au grenat. Les passants se retournent sur son passage. D’abord on voit un peu d’amusement dans leurs yeux avec ce côté inévitablement « petit chaperon rouge »  et puis, très vite, de l’admiration car c’est extrêmement bien fait pour que justement cela ne soit pas d’une uniformité clinquante. On pense que cette dame doit prendre beaucoup de soin à choisir les habits qu’elle achète, puis à composer ses tenues. On imagine les habits préparés sur un lit ou un valet de chambre pour qu’elle puisse vérifier que les accords sont parfaits. Ni trop, ni pas assez. On imagine qu’elle a la possibilité comme cela suivant le temps et l’humeur de s’habiller dans des gammes de bleu, de vert, mais on ne la voit pas en rose ou jaune. On se souvient de « Peau d’âne » et ses robes couleur de beau temps, de lune et de soleil. On se dit que cette femme rêve en s’habillant.