Deux dames qui montent doucement la petite route qui borde votre maison. Elles sont âgées et marchent lentement en parlant. Elles sont toutes les deux petites, l’une est voûtée et l’autre pas. Elles sont toutes les deux habillées en noir mais l’une est en jupe et l’autre en pantalon. Elles portent toutes les deux des chaussures à lacets de type « Méphisto », des collants opaques noirs pour celle en jupe, une jupe à mi-mollet, pour celle en pantalon large , une doudoune noire et pour l’autre un manteau court de type « caban » noir. Elles n’ont pas de sac. Elles sont masquées, portent des lunettes qui nous semblent plutôt fines et ont les cheveux courts, blancs avec une coupe très simple. Elles parlent et leur conversation est animée, gaie. L’une d’entre elles tient en laisse un petit chien blanc. On ne sait de quelle race, peut-être un bichon maltais. Il a un petit foulard coloré autour du cou et monte avec difficulté la pente raide. On pense que c’est un vieux chien à son allure et à la texture du poil. Au milieu, de la montée, les deux dames s’arrêtent. Celle qui avait le chien en laisse, le prend dans les bras, le détache et le donne à l’autre qui prend une laisse dans sa poche, l’attache et le remet par terre. Le chien s’est laissé faire très tranquillement comme s’il en avait l’habitude . On ne comprend pas la manœuvre. Pourquoi ne pas avoir juste passé la laisse ? On se dit qu’il doit y avoir là un rituel immuable qui nous échappe, comme si le chien avait deux maîtresses et que la passation entre les deux devait obéir à des gestes précis. Une forme singulière d’intimité et de partage.