Une toute petite fille d’environ quatre ans qui sort de l’école. Sa maman la tient par la main, elles traversent la rue et vont attendre le tram. Elle est habillée de petites chaussures noires vernies, d’un collant de laine blanc, d’une jupe en velours côtelé bleu foncé et d’une doudoune bleu clair longue et froncée à la taille. Elle a un visage rond avec des grands yeux noirs et un petit menton pointu. Ses cheveux sont bruns, très denses presque crépus et montent assez haut au dessus de sa tête et, dessus, est posé un petit chapeau pointu rouge avec des étoiles jaunes. Il est en carton avec un élastique fin passé autour de son cou. On pense à un reste de déguisement, une fête, un goûter de la Chandeleur, un numéro de clown ou juste un petit cadeau. Elle n’arrête pas de le toucher et tout le long du chemin, elle parle. Elle ne parle pas à sa mère, elle se parle à haute voix. Elle raconte quelque chose dont on n’entend presque rien sinon qu’il est question du chapeau autour duquel elle créé un récit. Elle a l’air à la fois sérieuse et ravie. On la perd de vue. On entend un long cri d’enfant. C’est elle. Sa mère lui a enlevé son chapeau, le tram arrive. La petite fille ne pleure pas mais hurle. Et cherche à reprendre le chapeau. Sa mère le lui rend, un peu gênée. Elle remet son chapeau posément presque avec une forme de gravité, passe bien l’élastique et là, on voit qu’elle sourit mais qu’elle a les yeux plein de larmes. De soulagement peut-être. Elle grandit.