un jour, une description

8 février 2021

Une jeune femme qui travaille dans une banque. Elle vient nous chercher à l’accueil. On entend ses talons avant qu’elle n’arrive. Elle marche à petits pas très saccadés. Elle s’assoit derrière son grand bureau et vous propose de vous assoir en face d’elle. Elle est habillée d’un pantalon noir à pinces, d’un pull en laine mohair lie de vin et de hautes chaussures prunes, assorties au pull, avec des talons à bouts carrés et une petite boucle sur le devant. Elle a de longs cheveux châtains avec des mèches blondes, ils sont assez volumineux et, régulièrement, elle les prend entre ses mains et elle les froisse pour les faire bouffer. Elle a des grands yeux noir qui sont maquillés. Ils sont soulignés d’un trait noir, de fard à paupières argenté presque blanc et de mascara. Ses sourcils sont épilés et retravaillés au crayon. Elle porte un masque bleu. On ne voit pas le bas de son visage mais on s’aperçoit quand même qu’elle doit être plus âgée qu’on ne l’a cru d’abord en voyant sa silhouette juvénile. Elle travaille sur son ordinateur tout en nous parlant. Là on remarque ses mains. Elle ne porte quasiment pas de bijoux, juste une bague à l’annulaire gauche. On voit elle a des ongles très courts et carrés comme si elle s’était rongé les ongles pendant longtemps. Ses mains sont très fortes, on se dit, bêtement, masculines. Elles sont épaisses et larges aussi bien les doigts ronds et lourds que la paume qui contraste avec la finesse de l’os du poignet. Elle n’a pas les mains de sa silhouette, de ses habits, de son métier. Quand elle les passe dans ses cheveux dans son geste répété, on a l’impression que cette main dans ses cheveux n’est pas la sienne. Ces mains terriennes qui pianotent sur le clavier d’un ordinateur, nous semblent vivre dans une tranquillité des gestes ancestraux au milieu de cet environnement bureautique de plastique et de talons qui trottinent.