un jour, une description

6 janvier 2021

Un écran, le visage d’un homme. Il est très brun, les cheveux sont coupés courts avec quelques petits cheveux sur le haut du front, ses oreilles sont dégagées. Le visage est plutôt triangulaire mais le menton est carré et assez fort. La bouche est étroite avec comme une fossette à chaque commissure, le nez est petit mais semble un peu écrasé en son milieu, les yeux sont noirs et bridés. Il doit avoir au moins la cinquantaine car il a des petites poches sous les yeux, des rides autour du nez et de la bouche. Il porte un tee-shirt blanc et par dessus une veste de kimono bleue en coton épais, qui fait penser à une veste de travail. Il est assez expressif et souvent il plisse le front. Quant il fait cela, on s’aperçoit qu’il a une cicatrice verticale rouge qui part du milieu du sourcil droit et descend jusqu’au bas de la joue. On regarde de plus près et on constate que ce n’est pas un effet de maquillage, que celui qu’on prend pour un acteur, a vraiment une balafre au travers du visage. On se demande si cet homme est un acteur professionnel ou un amateur, s’il a été « yakusa » ou peut-être puni par une mafia car la balafre semble trop droite pour être accidentelle. Pourtant là, à l’écran, il fait la cuisine. On observe ses gestes, comment il manipule les couteaux et on se demande comment il fait pour travailler au quotidien avec cet outil qui a dû lui couper le visage en deux. Quand il tend les petites assiettes à ses clients, il attend leur verdict, sérieux, les mains sur les hanches et quand on lui dit que c’est excellent, il sourit comme un enfant. La balafre disparaît un instant.