un jour, une description

26 novembre 2020

Un homme qui aurait dû avoir soixante ans. On se rappelle des cheveux blonds devenus gris, du regard doux et attentionné, toujours chaleureux, du visage charpenté qui s’était enrobé, de la petite bouche se déformant en un sourire presque carré. Mais quand on pense à lui on entend d’abord son rire. Il riait souvent dans une gaieté qui n’était pas factice surtout quand il était entouré de ses amis. On avait compris que c’était le plus important pour lui, ses amis, leurs retrouvailles, leurs ripailles, leurs fêtes, leurs rituels, leurs parties de foot, leurs week-ends entre « potes » au ski, les vacances ensemble, les jours de l’an chez lui. Sa femme, ses enfants étaient son centre et ses amis étaient sa vie. Dès qu’il vous apercevait, il commençait à « galéjer » en souriant. Son rire était assez aigu, d’abord léger, comme un rire de connivence, un rire un peu retenu mais qui vous échappe et puis d’un coup partait en un éclat franc et juvénile qui vous emporte. Cela faisait partie de l’attention qu’il portait aux autres, il pouvait rire et vous regarder en même temps d’un œil affectueux s’il sentait que quelque chose n’allait pas. On voit les photos de lui et de ses amis de toujours, et d’un coup, il y a un trou. On ne sait pas comment ils vont faire. Que fait-on dans une équipe quand un joueur meurt ? Ils vont devoir apprendre à jouer à dix. Eux qui jouaient déjà si mal. On regarde la mer, on guette le son de son rire.