Une femme qui doit avoir entre quarante et cinquante ans, c’est difficile de le voir. Elle est petite, menue et entièrement cachée dans une doudoune beige, très longue, avec des grosses côtes. On voit juste émerger ses pieds dans des boots noires à petits talons. Elle a des cheveux teints dans un blond très clair et coupés en un long carré avec une frange. Elle porte des larges lunettes de soleil de formes carrées et un masque bleu ce qui ne nous permet pas de voir son visage. Elle marche vers un petit camion blanc dont elle ferme très violemment la porte qui est sur le côté. On voit alors surgir à l’avant du camion la tête d’un caniche assis à la place du conducteur qui se penche pour regarder. La femme va ensuite vers l’arrière et ouvre vite la porte à doubles battants en grand, attrape un chariot de livraison rouge et l’installe devant l’ouverture. Elle monte ensuite dans le camion et en ressort avec un grand carton qui semble lourd, qu’elle met sur le chariot, va en chercher un autre, puis un autre. Elle referme très violemment les deux portes et part avec son diable extrêmement chargé et plus haut qu’elle. On sent qu’elle fait ça depuis longtemps et qu’elle a vraiment l’habitude de tous ces gestes. On la suit du regard. On pense aux « forts des halles », aux images anciennes de ceux qui portent les marchandises, caisses, cagettes empilées aux abords des marchés. Les costauds et une costaude.