Deux femmes à la table d’un restaurant. La première, blonde, ronde, avec une robe assez large et fleurie, est restée longtemps seule à l’attendre en téléphonant. Quand la deuxième arrive, elle-même est au téléphone et s’affale sur sa chaise tout en parlant. Quand elles ont fini tous les deux, la nouvelle venue, brune, en tailleur noir avec une chemise blanche au décolleté vertigineux, s’excuse et raconte par le menu à l’autre tout ce qui lui est arrivé et qui a généré son retard. L’autre écoute poliment. La brune parle beaucoup et prend la carte. L’autre, qui avait déjà regardé, dit qu’elle va prendre le poulpe. La nouvelle venue s’exclame qu’elle a horreur de ça, que prendre un plat, le midi, c’est de la folie, en plus avec une garniture de pommes de terre et qu’elle, elle va prendre un poisson. Pendant qu’elles attendent leur plat, la blonde explique qu’elle a du diabète à l’autre qui, immédiatement, répond qu’elle connait un médecin qui est spécialiste du diabète et qu’elle l’appelle tout de suite. La femme blonde l’arrête et lui dit qu’elle est soignée à l’hôpital et que tout va bien. La femme brune ne s’arrête plus de lui donner des conseils, de lui donner des noms de plantes, de lui affirmer qu’elle doit absolument changer de mode de vie, et même de vie. L’autre écoute patiemment et est très soulagée quand elle voit arriver les plats. Le plat de poisson est énorme mais le femme blonde l’attaque vaillamment comme si de rien n’était et continue sa litanie de conseils. A un moment donné, elle demande « je peux ?» et commence à piquer des pommes de terre dans le plat de poulpe de son amie. Celle-ci éclate de rire et, dans son fou rire, dit « je t’en prie ».