un jour, une description

22 octobre 2020

Un jeune homme dans un marché couvert. Il tient un étal juste à l’entrée de la partie complètement fermée. Son étal est très particulier car il n’y vend que quelques légumes : l’été, des tomates, et le reste du temps, des champignons et quelques fruits des bois, toujours dans des petits cartons. En plein milieu de l’hiver, des pommes de terre. Il vend aussi de l’huile d’olive qu’il dit « du pays » mais dont on sait qu’elle vient de l’Italie proche. Il a fait des panneaux pour annoncer qu’il peut avoir des truffes sur commande. Il est très brun, le visage fin, souvent habillé de noir avec des couches de vêtements qu’il enlève au fur et à mesure de la matinée. Il est mince, pas très grand. Il parle sans arrêt. Même quand il n’y a personne, il harangue, et quand il y a des clients, il commente tout ce qu’il fait, propose des autres produits, plaisante pour faire patienter. On se demande s’il est si joyeux que ça. Un sacré commerçant, un peu agaçant, parfois. Ses panneaux de prix sont faits sur des bouts de cartons arrachés écrits au feutre, posés maladroitement. On voit qu’il n’y a rien de moderne chez lui, ni carte bleue, ni caisse automatique. On ne sait si c’est pour se démarquer et se donner un côté plus authentique, lui qui force sur son accent. On apprend que sa mère tient la charcuterie à dix mètres et son oncle et sa cousine tiennent l’étal de fruits et légumes en face. On se dit qu’il est né là, que sa vie est là, qu’il aime faire ça comme ça et c’est tout.