un jour, une description

14 octobre 2020

Une poste où chacun, masqué, a fait la queue pour pouvoir entrer, s’est lavé les mains avec du gel et se tient sagement à distance des autres personnes. Une femme très âgée est assise sur une chaise. Elle a une canne posée à côté d’elle. Elle tient devant elle un grand sac en cuir noir et farfouille dedans depuis un bon moment. Elle arrête, regarde son sac et se remet à fouiller avec encore plus de vigueur et commence à dire « mais ce n’est pas vrai, mais ce n’est pas vrai… ». On voit qu’elle s’affole. Le vigile s’approche et lui dit qu’elle doit mettre un masque. Elle lui répond que justement, elle le cherche partout, qu’elle ne comprend pas, qu’elle est sûre de l’avoir pris, qu’elle n’a pas fait toute cette queue pour rien, qu’elle est tellement fatiguée déjà, qu’il faut qu’elle prenne cet argent, que ce n’est pas possible. Elle est au bord des larmes et regarde le vigile complètement perdue. Il la regarde et lui dit « madame, il est là votre masque » en lui montrant le masque qu’elle avait mis à son bras à la hauteur du coude. Elle est tout ensemble surprise, soulagée et prise de honte. Elle se lève et met son masque à l’envers. Personne ne dit rien, tous un peu ébranlé par la peur de cette femme qui a résonné en nous, comme si nous étions tous des enfants pouvant à tous moments être pris en faute.