un jour, une description

11 octobre 2020

Une dame dont on n’arrive pas à déterminer l’âge. On la voit dans les rues de cette ville du Sud depuis trente ans. Ou plutôt à la terrasse des deux grands cafés du centre ville. On se dit qu’elle n’a pas changé. Elle est grande et perchée sur des hauts escarpins ou des boots. Elle a des pantalons très moulants, aujourd’hui, il est beige avec une surpiqûre noire tout le long des jambes qui imite un pantalon de « gardian ». Elle a un haut carmin et par dessus une veste courte, ajustée, en cuir bleu. Elle a des longs cheveux raides, noirs, lissés et une frange. Sa peau est recouverte d’un fond de teint épais, ses yeux sont cachés par des lunettes de soleil «Ray-ban » et sa bouche est entourée d’un trait de crayon coloré plus foncé que le rouge à lèvres, rosé. On voit que le bas du visage s’est affaissé surtout de chaque côté de la bouche. Elle le sait et se tient avec le menton toujours légèrement relevé. On se rappelle qu’elle ne souriait jamais. C’est toujours le cas. Elle est comme d’habitude assise à la terrasse d’un bar, elle boit comme toujours un café avec des amis, elle parle beaucoup mais ne sourit pas. Comme si c’était pour elle une question de savoir vivre, une manière de se tenir face aux autres, de donner du poids à ses paroles et une gravité à sa présence.