un jour, une description

7 octobre 2020

Une silhouette petite avec toujours un sac à dos sur le dos ou, le plus souvent, sur l’épaule. Habillé avec des pulls trop grands, des parkas un peu usées en hiver, des pantalons avec des multiples poches et des chaussures de marche, il donnait l’impression d’être en partance. Le visage était plutôt rond, avec des petits yeux bruns, et un air farouche, parfois bravache, qui tenait à sa posture avec le menton relevé et une manière particulière de regarder dans les yeux. Il arpentait plus qu’il ne marchait ayant toujours quelque chose à faire, dans une urgence de celui qui pense qu’il n’a pas le temps de faire tout ce qu’il a prévu. Et puis, souvent, comme une pause, on le trouvait en grande conversation, attentif, tendu vers l’autre dont il savait lire la souffrance. On ne sait comment il entretenait cet écart entre la douceur de l’attention et l’énergie mise à faire. On voyait que cet homme fragile devait faire des projets pour se tenir debout et que peu importe qu’ils aboutissent ou non. L’énergie à penser et à faire était son travail plus que la finalité. Mais un jour, il a eu un dernier projet et celui-là, il a, hélas, réussi.