un jour, une description

6 octobre 2020

Un restaurant, une terrasse qui donne sur la mer ou plutôt sur un bassin, la marée monte. Les gens mangent des huitres, il fait soleil mais un peu frais. Quatre femmes arrivent en parlant et en riant, elles avaient réservé et s’installent. Elles discutent vivement de ce qu’elles vont prendre pour l’apéritif et l’une d’entre elles parle de le leur offrir pour ces quatre-vingt deux ans puis se ravise en disant qu’elle préfère leur offrir cet « apéro » dans un endroit plus chic ou chez elle. On est surprise car à les entendre, on ne pensait pas qu’elles avaient cet âge. Quand on les regarde, elles ne sont pas toutes du même âge, elles ont entre soixante et quatre-vingt ans et sont très différentes les unes des autres. Pourtant, elles ont toutes fait le même geste : elles ont pris chacune leur foulard ou leur écharpe et en ont fait un turban coloré sur leur tête. On pense tout de suite aux peintures de Carpaccio et aux turbans orientaux. Ceux-là sont un peu faits à la va vite, tombent légèrement mais ils leur donnent un air altier et complice comme si elles avaient ainsi créé une confrérie ou une fratrie qui se joue du regard des autres. Une souriante liberté partagée.