Un enfant, un petit garçon de quatre ou cinq ans. Il est au bord d’une piscine avec son père. Il ne veut pas venir dans l’eau, il dit sévèrement qu’il n’a pas ses brassards. Son père a beau lui montrer qu’il a pied, le rassurer, il trempe à peine ses jambes et remonte vite. Quand ses deux grandes sœurs arrivent, il est très content et se dit à voix haute, « elles sont là, je vais nager » et effectivement elles arrivent à le faire entrer dans l’eau, à barboter, il ressort, y retourne, jusqu’à ce que son père l’emmène. Il revient avec sa mère et ses brassards. Il fonce seul vers la piscine et met franchement les deux jambes dans l’eau. Il commence alors un monologue à haute voix : « il fait froid, j’ai froid, je vais nager, je nage, j’ai très froid ». Pendant tout ce temps, il se met à l’eau, nage, sort, court au bord de la piscine, se remet à l’eau comme s’il cherchait un endroit plus clément. Il est très concentré et se motive en se parlant. Son père arrive et l’enroule grelottant dans une serviette. Le petit garçon ne crie pas mais lui dit en le regardant, outré : « mais je nageais quand même ! ». Il s’appelle César. Il grandit.