un jour, une description

4 septembre 2020

Un homme de quarante-cinq ans qui est dans un supermarché. Il est habillé d’un jean noir, d’un tee-shirt gris, de chaussures pointues qui brillent et on voit à ses doigts des grosses bagues comme en auraient des bikers. Il a pourtant plutôt une tête de « premier de la classe » avec juste une mèche rebelle qu’il relève sans cesse d’une main. Il marche d’une drôle de façon, avec lourdeur, il est pataud. Il est dans le rayon des vins et il fait de long en large le rayon, s’arrête, regarde des bouteilles, se recule, cherche des prix, prend et repose une bouteille, semble avoir une idée, va voir les « cubis », revient, regarde dans les allées à côté. Il attend quelqu’un. Il prend son téléphone, appelle et parle à quelqu’un. Il attend reprenant son manège. Un homme arrive, grand, lui dit « mais enfin, tu peux quand même choisir tout seul, non ? » et pendant que l’autre lui explique longuement pourquoi il hésite, le nouveau venu remplit le caddie et va vers la caisse. Quand on les retrouve à leur voiture, il explique toujours ses atermoiements et le grand a l’air exaspéré par cette logorrhée. Il n’a pas l’air de s’en apercevoir. L’indécision est sa manière à lui d’avancer. En crabe ou à reculons.