Une serveuse dans un café sur une grande place d’un marché du centre ville. C’est un vrai marché avec des habitués et les habitants de la ville, pas celui pour touristes plus près de la mer. Tout autour de la place qui couronne les nombreux étals, il y a plusieurs cafés dont certains font aussi restaurant. C’est la première fois aujourd’hui qu’on peut boire un café en terrasse, assis, en lisant le journal local et grignotant quelque chose. Cela fait plus de deux mois que cette jeune femme n’a pas servi comme cela des clients. Ceux-ci sont heureux de retrouver leur terrasse, leurs habitudes, ils s’interpellent, disent des bêtises, rient. Derrière le masque qu’elle doit porter, on peut percevoir qu’elle fait la gueule, comme toujours. C’est plus difficile à percevoir que d’habitude mais elle continue à faire semblant de ne pas voir ceux qui l’appellent, elle parle longuement avec un client servi alors que d’autres sont pressés, elle passe à côté de tables sales sans les nettoyer. On est presque heureux de la retrouver inchangée et un peu triste aussi pour elle qu’elle ne puisse pas, même ce jour-là, participer à la joie collective. Mais elle travaille.