un jour, une description

5 juin 2020

Un couple choisit des lampes et des ampoules au rayon luminaire d’un grand magasin de bricolage. Il tient le charriot pendant qu’elle se déplace dans le rayon qui est assez grand. Ils échangent sur les choix possibles, les prix, les contraintes qu’ils ont, et au fur et à mesure qu’elle s’éloigne, ils haussent le ton jusqu’à crier. Les gens autour les regardent, se regardent entre eux, certains rient car ils savent tous maintenant que leur cuisine est jaune, qu’ils sont un “peu justes ce mois-ci”, qu’elle n’aime pas le noir et qu’il n’aime pas le bois et les “chichis”. Ils sont seuls. Ils se parlent en criant comme s’ils étaient chez eux, d’une pièce à l’autre. Ils ne perçoivent absolument pas l’impudeur de cette situation et si on la leur révélait, ils ne comprendraient pas. On est là, et collectivement, nous avons tous l’impression d’être transparents pour eux, des objets. C’est à la fois drôle, car cette sensation est partagée et crée une complicité, et inquiétant, car on a le sentiment que nous sommes transformés en voyeurs de leur intimité.