Un homme qui a cinquante-cinq ans, il est assis à un grand bureau sur une estrade devant un écran blanc. Il est mal à l’aise car il n’a pas de public devant lui mais une caméra. Il sait qu’il est en « visio » et qu’une partie du public l’écoute et le voit en direct mais que beaucoup d’autres le feront plus tard. Il ne sait pas comment saluer, il se reprend. C’est la première fois que l’on voit ce brillant orateur hésitant. Il commence son cours magistral. Il est habillé sobrement en gris mais avec un pull sous son costume. Son visage est toujours rond et facilement rouge, ses rares cheveux sur le haut du crâne sont plus longs et donc souvent dressés sur sa tête. Au début, il parle à la caméra de manière assez figée puis quand il commence à développer ses idées, à donner des exemples, à montrer des schémas, à faire des incises, il se met à bouger les mains puis tout le corps. Il accompagne à nouveau sa pensée de mouvements qui sont comme les gestes d’un chef d’orchestre. Il rythme ses propos et il nous semble qu’il oublie la situation artificielle. Son sujet de l’année nous renvoie à notre actualité, il le sait, il en joue mais sans jamais rien en dire. Il commence à savoir s’amuser de la situation en s’adressant parfois directement à la caméra avec un petit sourire comme quand on fait un bon coup, justement dans les moments où les parallèles avec aujourd’hui sont flagrants. Où il ne dit pas ce que tout le monde entend. La salle vide et la caméra sont devenues des alliés. Devant notre écran, on l’écoute, on le voit penser encore, inventer. On apprend.
Un jour, une description, le 23 octobre