un jour, une description, les recommencées

6 avril 2021

Un jeune homme dans un marché couvert. On pense jeune homme quand on le voit à cause de sa silhouette juvénile, de ses cheveux coupés ras sur les côtés et long dessus, largement gominés mais quand on le regarde bien, quand il est fatigué, on comprend qu’il n’est pas si jeune. Il doit avoir une trentaine d’années. Il tient un étal particulier, spécialisé dans certains produits et il a donc une clientèle d’habitués et, l’été, une clientèle de touristes qu’il harangue sans cesse. Il ne cesse de parler, de vanter ses produits, quand on lui pose une question lui demandant quel produit est meilleur pour telle cuisson, il répond toujours invariablement « que tous ses produits sont bons, que tout ira bien », et il faut insister, parlementer, pour qu’il finisse par nous lâcher « que lui, peut-être, il prendrait plutôt ça ». Toute sa famille a des étals dans le même marché et quand il y a peu de monde, ils parlent entre eux. On a le sentiment qu’il est né là, qu’il y a été élevé et qu’il n’a pas eu d’autre choix que de prendre un étal et de s’installer entrer sa mère et sa cousine. Comme sa famille avait déjà un grand étal de légumes, il s’est spécialisé, tomates et fraises l’été, champignons, pomme de terre, truffes, l’hiver. On se demande quelle est sa vie au-delà du marché. On ne sait s’il est passionné de foot, comme sa coupe de cheveux le laisse supposer, de jeux vidéo, de voile ou de ballades. Ou si, quand il n’est pas là, il attend, un peu flottant. Pourtant un jour, il nous dit être fatigué et d’avoir qu’une envie : dormir un peu le matin. C’est tout.

Un jour, une description, le 22 octobre