Deux hommes assis au bord de la mer au plus près des vagues. Ils boivent une bière et fument une cigarette en parlant tranquillement installés chacun sur un tronc d’arbre. Autour d’eux, la plage d’habitude si policée de cette ville touristique semble dévastée. Les galets forment des monticules épars, les douches en sont recouvertes et n’émergent que les pommeaux ridicules des amas gris. Des troncs d’arbres sans feuilles encombrent la plage, d’autres flottent encore, on voit aussi d’énormes racines émerger de temps en temps comme si leur tronc était enfoncé dans la mer. Sinon, partout des bouts de bois, des bouts de plâtres, des pierres, des briques cassées et mêmes des fragments de parpaings. On voit aussi des éléments de mobilier, un tiroir, un pied de table, des bouts de tissus. On sait que tout cela vient de la vallée dévastée, que ce sont des fragments des maisons qui ont été emportées par l’eau et que la mer recrache peu à peu et dépose strate après strate. Les deux hommes semblent complètement indifférents à tout ce qui les entoure. C’est comme s’ils s’étaient dit que ces troncs posés là étaient bien commodes pour s’asseoir sur cette plage dure. Une manière de faire fi des relents de drame, une bravade peut-être.
Un jour, une description, le 9 octobre