un jour, une description, les recommencées

16 janvier 2021

Une église et, à côté, un cloitre. Dans cette ville touristique, il y a pourtant peu de monde. On en est soulagé car le cloitre demande qu’on écoute le silence et les petits bruits. Et puis du temps pour regarder. Ce cloitre n’est pas grand, il a deux étages d’arches dont on ne peut visiter que le bas. Comme souvent, au centre on a tenté une symétrie avec le puit au milieu et les quatre carrés, le buis autour. Mais les arbres ne sont pas disposés symétriquement, on voit des fleurs plantées mais aussi beaucoup de pots en terre cuite avec des fleurs, des petits tiges, ou même apparemment, rien, comme si un jardinier faisait là ses semis, ses essais. Les plantes en terre ou en pot sont arrosées mais la terre des quatre carrés non, car l’herbe y est sèche et jaunie. On entend des portes, on perçoit des voix masculines, des moines vivent là. Dans ce mélange entre l’ordre apparent et régulier de l’architecture et le presque désordre des plantations, une bêche. Elle est plantée dans la terre, prête à être utilisée. C’est le seul objet du lieu. Il nous donne d’abord le sentiment de déranger, de ne pas être à notre place, chez quelqu’un. Et puis, petit à petit, on se rend compte que cette bêche rend le lieu vivant, qu’on peut le regarder avec moins de révérence, que des enfants pourraient jouer là. Que ce bruit là ne serait pas gênant, mais plutôt rassurant. On pense au moine qui jardine, on aimerait le voir au travail mais on sait que certainement, ce n’est pas possible. Il travaille quand nous ne sommes pas là. Nous pouvons venir visiter quand il n ‘est pas là. La bêche serait alors l’objet du passage, le témoin, entre ces deux mondes.

Un jour, une description, le 5 septembre