Un bateau dans une très belle baie de Méditerranée. Les multiples constructions récentes, comme partout sur cette côte, n’arrivent pas à gâcher la beauté de cette rade et de son village. De nombreux voiliers et bateaux de plaisance sont au mouillage parfois dans une grande cacophonie visuelle. Mais ce bateau là est affreux et fait peur. On se dit que d’instinct les autres bateaux se sont éloignés car il y a un grand vide autour de lui. On comprend ensuite que c’est parce qu’il garde en permanence ses moteurs au mépris de tous ceux qui sont venus là parce qu’ils aiment la mer et les bruits caractéristiques de ces mouillages d’été. Clapot, drisses qui claquent, cris d’enfants, moteurs des annexes, bruits de plongeons. Ce bateau imite les bateaux de guerre américains. Sa forme, sa couleur, son nom, la typographie des lettres et des chiffres de son nom, tout est fait pour cela. On se demande comment on peut construire un bateau pareil pour le plaisir. On pense à son propriétaire, on le voit enfermé dans le grand salon de son deuxième pont, que l’on aperçoit même de loin, climatisé aux vitres fumées, entièrement clos. Volontairement abstrait du monde qui l’entoure et qu’il abîme. On est en colère. On pense au jeu de la bataille navale et on aimerait dire « touché, coulé » et que le faux bateau de guerre disparaisse pour de vrai.
Un jour, une description, le 29 juillet