Un jeune homme traverse une place. Il est entouré de gens qui font leur marché, souvent plus âgés, et il détonne. Il les dépasse d’une tête d’autant plus qu’il est couronné d’un magnifique chignon de dreadlocks. Il cherche des vraies courgettes trompettes et c’est encore un peu tôt dans la saison. Il fait chaque étal du marché et n’a pas l’air de se rendre compte de l’effet de surprise qu’il produit sur certains. On ne sait si c’est à cause de sa taille, de son look ou bien de sa couleur de peau. On est un peu inquiète que ce soit la dernière solution qui soit la plus probable. Il doit en avoir l’habitude et déambule comme un danseur avec une démarche souple et ondoyante mais sans regarder personne vraiment. Il se dirige vers un marchand un peu sur le côté et son visage s’illumine de voir enfin ce qu’il cherche. Il regarde le prix et semble le trouver raisonnable. Il ne peut pas ne pas avoir perçu le regard mauvais de ce commerçant mais il lui demande tranquillement s’il peut se servir. Le marchand répond en souriant que oui. Ce jeune homme a un accent très prononcé d’ici, on comprend alors pourquoi le marchand a changé d’attitude. Il surveille au début le jeune homme qui choisit ses courgettes puis le laisse faire. Imperceptiblement, l’attitude du jeune homme a changé, comme si lui aussi d’avoir parlé comme cela, l’avait rassuré. On n’ose pas penser comment cela aurait été s’il avait parlé avec un accent du Nord ou un accent étranger. On se demande pourquoi c’est si important pour certains que les gens soient d’ici et que cela ne leur suffisent pas qu’ils soient juste ici. Ce qui est déjà beaucoup.
Un jour, une description, le 18 juillet