Le médecin vous appelle et vous entrez dans son cabinet à l’intérieur d’un grand hôpital. Il a son masque. Evidemment, vous le reconnaissez, mais lui, non. Il voit une personne toutes les quinze minutes et vous êtes aussi masquée. Il reprend votre dossier, et peu à peu se rend compte qu’il vous connait déjà, vous a même opéré et que vous êtes une de ses patientes récurrentes. Il pose ses questions habituelles puis il vous examine et pour cela vous devez enlever votre masque. Lui, non. Il s’approche de vous et alors que vous avez tellement l’habitude de ce qu’il va faire, vous vous sentez étrangement vulnérable et mal à l’aise. Oppressée. Comme si cette dissymétrie dans le dévoilement du visage, l’un et pas l’autre, créait une situation de pouvoir inversé, comme si avoir le visage a découvert revenait à une forme de nudité. Quand l’examen est terminé, il vous parle toujours masqué et vous, le visage a découvert. Vous remettez vite votre masque et vous vous sentez mieux. A la fin du rendez vous, c’est lui qui enlève son masque pour vous parler, il veut humaniser ce qu’il a à vous dire. Protégée derrière votre masque, vous écoutez sans parler, vous “encaissez”, vous pouvez faire semblant.
Un jour, une description, 29 juin