Un homme à la caisse d’un magasin de meubles et d’objets. Il sait que les gens attendent, qu’ils en ont assez mais ils ne sont que deux et il faut tout faire, être en caisse, servir en magasin, emballer, répondre aux questions. Il est là, debout depuis huit heures, il est fatigué et ne rêve que d’une chose, rentrer chez lui. Les gens ne sont pas désagréables, ils sont même patients mais, lui, qui vend des tables, des canapés et des lampes rêvent de son canapé, de sa table, de sa télé. Il essaie d’être quand même avenant et drôle et les gens, pour la plupart, entrent dans son jeu. Il a remarqué qu’une femme se tient en retrait et ne sourit pas à ses « vannes ». Ils vont voir ensemble une table qu’il aimerait bien vendre enfin car elle est là depuis longtemps. Il pense qu’il va lui parler « famille » puisque c’est une grande table familiale. Il lui dit que ça va être formidable de manger sur cette belle table ce qu’elle cuisine pour son mari et ses enfants. Elle le regarde avec des grands yeux sans sourire. Il ne comprend pas. Il a fait de son mieux. Il n’envisage pas un instant qu’elle ne soit pas mariée, qu’elle n’ait pas d’enfant ou que ce ne soit pas forcément elle qui cuisine.
un jour, une description, 14 juin