un jour, une description

8 avril 2021

Un homme d’une soixantaine d’années dans un train. Il passe à plusieurs reprises dans le couloir et finit par s’asseoir dans un ensemble de places en carré. Il se met le long des fenêtres, un autre homme était déjà assis en face mais sur le siège côté couloir. Il marmonne en s’asseyant et on comprend qu’il dit qu’il va se mettre là parce que c’est “une bonne place”. Pendant tout ce temps, il a son masque sous son nez. Le voyageur qui était déjà assis lève les yeux de son ordinateur, le regarde longuement et se replonge dans son travail. Le contrôleur arrive. Le monsieur lui tend son billet que le contrôleur ne prend pas tout de suite car il contrôle l’autre passager. L’homme lui tend brutalement son billet et le contrôleur lui dit « je contrôlerais votre billet quand vous mettrez votre masque correctement, monsieur ». L’autre explose de colère, le contrôleur ne dit rien et attend. L’homme finit par mettre son masque sur le nez. Le contrôleur part, l’homme le remet sous son nez et vitupère sans cesse dans un délire de plus en plus effrayant. L’autre voyageur lève à plusieurs reprises les yeux de son ordinateur, exaspéré, et finit par lui demander, très poliment, de mettre son masque et de se taire. On dirait que cet homme attendait cela pour déverser un torrent de récriminations et d’inepties. Une logorrhée paranoïaque qui est autant irritante qu’inquiétante. Un homme plus loin crie très fort « ta gueule, maintenant, tu nous emmerdes». Et il se tait tout de suite. Comme s’il fallait cette violence verbale pour lui faire peur. Ou l’apaiser. Un homme perdu. Encore un.