Une femme sur la place du marché du vieux quartier d’une grande ville du bord de mer. On ne sait quel âge lui donner en la voyant marcher de loin, elle paraît grande et très mince. Elle a des cheveux noirs, longs, coiffés savamment en arrière. Son visage est triangulaire avec un menton pointu, un petit nez droit. Ses yeux sont invisibles derrière des grandes lunettes de soleil et sa bouche est cachée par son masque. Elle est habillée d’une petite veste noire avec un unique bouton doré pour la fermer. Dessous, elle porte un haut blanc qui semble très simple. Puis, un jean usagé certainement volontairement blanchi, très serré, et elle est chaussée de bottines noires pointues qui arrivent juste au-dessus de la cheville et qui sont très hautes avec des talons noirs très, très, fins. Elle n’est pas grande mais de loin, avec ses talons, elle le paraissait. Elle doit avoir autour de quarante ans, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus, mais le masque rend difficile de le savoir et sa silhouette est juvénile. On l’a remarquée à sa démarche. Elle marche comme si elle était sur une ligne droite sans bouger les hanches, exactement comme un mannequin. C’est étrange au milieu des gens qui vont et qui viennent, des vélos, des scooters, des cris, des enfants qui courent. Où qu’elle soit, elle marche sur un éternel podium. Dans la maîtrise infinie de son rapport à l’espace et au sol, elle flotte avec application.