un jour, une description

4 février 2021

Un homme dans un musée fermé. Il doit avoir une cinquantaine d’années, il est assez grand et trapu. Il est habillé en habits réglementaires de gardien et il porte un masque, on ne distingue donc que ses yeux bruns plutôt ronds, ses sourcils épais et ses cheveux noirs. Il est seul et fait des va-et vient devant l’entrée. Il attend quelques visiteurs professionnels qui ont l’autorisation de venir voir l’exposition. Il est impatient et leur demande à plusieurs reprises s’ils sont prêts. C’est lui qui assure la sécurité pendant leur visite et il les suit pas à pas. On remarque qu’il écoute ces spécialistes avec attention comme s’il devait faire attention qu’ils ne disent pas de bêtises ou du mal de l’exposition dont il est là, véritablement, le gardien. Eux, échangent sur les dates, les liens avec d’autres artistes, certains critiquent des œuvres, des rapprochements, s’exclament admirativement, ils prennent des notes et des photographies sans faire attention à lui. A un moment donné, se sachant autorisées à le faire, les deux femmes s’asseyent chacune leur tour sur un pouf de fausse fourrure noire muni d’une queue animale et s’amusent de cet attribut masculin dont elles se voient ainsi pourvues. Il est très gêné et a même l’air stupéfait comme s’il n’avait pas vu et entendu que toute l’exposition parle de sexe et de genre. Certainement que la situation quasi intime de la visite le met dans une situation complexe, il se sent complice de cette légèreté. Pourtant il salue chaleureusement chacun des visiteurs et a même l’air triste de leur départ. On se dit que jamais on n’aurait imaginé cela il y a encore quelques temps. Un gardien qui regarde partir des visiteurs avec le sentiment d’être abandonné. Il va continuer de veiller sur son exposition. Vide.