Un homme d’une trentaine d’années est adossé à un mur à la toute fin du marché, juste en face du dernier étal de poissonnier. Il est chaudement habillé car il fait froid et il y a du vent. Il a un bonnet de laine brun avec une petite frise beige, une doudoune marron assez longue, un pantalon qui ressemble à un baggy noir et des grosses chaussures noires qui semblent montantes comme des « Doc Martens ». Il est moyennement grand. On voit juste quelques cheveux frisés noirs dépasser du bonnet, il a un visage très rond avec des yeux noirs et un nez plutôt petits, une bouche assez large et une barbe naissante comme quelqu’un qui ne s’est pas rasé depuis deux ou trois jours. Il a un masque mais sur le menton et le cou. Il fait quelque chose avec ses mains mais on ne distingue pas quoi. Quand on s’approche de lui, on entend un bruit étrange : « chtac, chatc, chtac, .. ». On voit alors qu’il est en train de se couper les ongles avec un coupe-ongle. Avec beaucoup d’attention, il se coupe tous les ongles des mains et jette scrupuleusement les ongles coupés par terre. On est très surpris. Un geste qui renvoie à la toilette, à l’espace de la salle de bain qui se retrouve fait dans la rue. Il n’y a pas là d’indécence et il le fait avec le plus grand naturel. Pourtant on se sent mal à l’aise. Comme si on avait surpris quelque chose alors que lui s’en moque. C’est comme si cela avait obligé notre regard de passant. Etrangement, cela vient empiéter sur notre espace intime et pas le sien.