Un homme d’une soixantaine d’année peut-être plus. On le voit travailler dans ce restaurant depuis presque quarante ans. Il est vraiment petit, avec les cheveux blancs depuis très longtemps, un visage assez rond caché par des lunettes avec une monture noire, épaisse et au dessin travaillé. On se souvient qu’il a toujours eu des montures contemporaines et très recherchées. Il est habillé d’un jean, d’une chemise grise en flanelle, d’une doudoune sans manches gris foncé et de chaussures de montantes qui ressemblent à des « Caterpillar ». Il semble très décontracté mais en réalité, il est habillé avec recherche. Il sort du restaurant où il travaille, il est interpellé par des passants qui le reconnaissent, par des vendeurs du marché, il salue tout le monde et entre dans un immeuble. On le voit ensuite à un balcon qui donne sur ce marché et la mer, une des plus belles vues de cette ville, il est en train de téléphoner. On se demande si en fait, il n’est pas un des patrons de ce restaurant connu de toute la côte. Quand on le recroise quelques heures après, on remarque qu’il boite. On n’en revient pas. Est-ce qu’il a toujours boité et on ne l’aurait pas vu ? Est-ce que c’est nouveau ? Pourtant sa boiterie semble naturelle comme ceux qui depuis toujours font avec. On se rend compte que sa démarche a toujours été très chaloupée et qu’il faisait rarement le service dans ce restaurant, il prenait les commandes, encaissait. Le restaurant fermé, on a pu le regarder et le voir parce qu’il était sorti de son territoire et nous aussi.