Une femme d’une soixantaine d’année assise sur un parapet le long d’un immeuble sur une place qui sert de parking. On voit d’abord ses jambes, l’une est posée au sol, l’autre pend dans le vide. Elle porte des ballerines noires classiques, ses jambes sont nues et au-dessus du genou, on aperçoit un legging rose fuchsia. En haut, elle porte un pull beige très ample, une écharpe violette entourée autour du cou et un bonnet marron enfoncé sur la tête. Son visage est comme gonflé et ses yeux noirs sont cachés par des lunettes de soleil, dont il manque un verre, alors que la nuit de ce jour gris tombe. A côté d’elle, posé sur le parapet, un sac « ikea » bleu rempli à ras-bord. On aperçoit, dépassant, des vêtements et une doudoune ou un duvet. Quand on passe, elle nous invective. Elle invective et insulte tous les passants qui ont un masque et les, très rares, qui n’en ont pas, elle les salue par un hurlement de contentement et en leur proposant un « coup à boire ». On voit alors qu’elle a une grande canette de bière à la main, et un pack ouvert qui a l’air d’être largement entamé derrière elle. Elle est à la fois joyeuse et en colère. Peu à peu, elle se met aussi à insulter ceux qui n’ont pas de masque car ils ne veulent pas venir boire avec elle. Quand on repasse, plus tard, elle est assise par terre contre le mur, elle dort appuyée sur son sac. Elle ne se rend même pas compte qu’il pleut. Une femme perdue. Encore une.