un jour, une description

9 novembre 2020

Un homme d’une cinquantaine d’années dans un magasin qui fabrique et vend des sandales depuis de longues années dans le centre d’une petite ville très touristique. La boutique est jolie et élégante et met en évidence le savoir faire ancien de cette marque en ayant une baie vitrée qui donne sur les ateliers où des gens travaillent le cuir. Il est habillée d’un pantalon brun à pinces, en coton léger, d’une chemisette blanche repassée et est, bien entendu, chaussé de sandales en cuir naturel de la marque. Il est masqué mais on voit quand même à ses yeux et les rides de son front, au ton de sa voix haut perchée, qu’il veut montrer qu’il est le chef de la boutique et que les deux jeunes femmes sont ses assistantes. Quand on arrive, habillée simplement, le vendeur nous regarde à peine et se consacre aux deux clientes déjà présentes qui font sortir des dizaines de sandales. Une des deux jeunes femmes s’approchent de nous. Quand il comprend que nous ne sommes pas là pour visiter la boutique mais pour acheter des sandales, il se précipite vers nous, fait un petit signe à la jeune femme qui s’efface. Il nous dit « vous avez vos mesures pour la maison ? » avec un ton hautain. Il prend vos mesures et vous apporte des sandales comme s’il vous rendait un service. Vous vous demandez comment il fait s’il porte le mépris en bandoulière au quotidien alors qu’il fait juste son métier. On se dit qu’il aurait voulu autre chose, qu’il a rêvé d’un ailleurs et qu’il ne peut empêcher cette amertume de teinter toutes les jolies chaussures.