Une femme qui doit avoir une soixantaine d’années. Elle est petite et menue, casquée d’un carré de cheveux teints en noirs et lissés. Elle est vêtue d’un pantalon moulant et d’un haut un peu court, rouges. Elle porte des sandales noires avec des petits talons. Sa tenue criarde nous surprend, comme en désaccord avec sa maison ancienne qu’elle fait visiter pour la vendre. Elle ne veut pas laisser les professionnels faire la visite, elle veut absolument prendre les choses en main. Elle essaie de faire au mieux mais elle ne prend pas le temps d’essayer de comprendre ce qui touche les visiteurs et montre toujours ce qu’elle aime, elle, les transformations qu’elle a faites, son jardin et ce qu’elle y a planté. Elle ne laisse pas les visiteurs respirer, regarder, on se dit qu’elle cherche à les asphyxier, qu’elle volette autour d’eux comme un insecte rouge et noir. Elle est presque ridicule. On ne sait si elle cherche par cette débauche de gestes et de paroles à masquer la tristesse de vendre sa maison ou, au contraire, si elle ne peut cacher son impatience à s’en débarrasser. On sent que montrer à des inconnus ses sentiments seraient une défaite pour elle et qu’elle ne veut rien laisser paraître. Jamais.