un jour, une description

1 juillet 2020

Le quai d’un port qui rutile de yachts immenses, brillants, comme boursouflés, obscènes. Sur leurs plages arrières, des gens qui boivent, dansent, mangent, discutent, sous les yeux des badauds venus là pour cela, les voir. Un peu de côté, sur un quai plus privé, un yacht gris foncé, aussi gros que les autres, avec un salon à l’arrière très vaste et ouvert. On y voit un groupe de jeunes gens entre seize et vingt ans pense-t-on, qui boivent, dansent, servis par un équipage en tenue qui régulièrement passe un plateau de flûtes à champagne parmi eux. Les jeunes gens sont tous bronzés, bien habillés, avec une élégance sans calcul. Ils sont sur le yacht de la famille de l’un des leurs, c’est leurs vacances. Ils font comme beaucoup de jeunes gens de leur âge, ils boivent, ils crient, ils écoutent de la musique fort et ils dansent. Pourtant, là, sur ce bateau, sous les yeux d’une foule modeste qu’ils ne semblent pas voir du tout, ils apparaissent dans une décadence folle et aveugle. On a le sentiment qu’à tous moments, le bateau peut couler et eux, se retrouver à nager dans les eaux sales du port. On le leur souhaite presque.