un jour, une description

30 juin 2020

Petit, très petit, un homme d’une trentaine d’années sillonne un marché sous le soleil. Il est habillé d’un pantalon bleu avec le pli marqué et une chemisette gris clair. La chemisette est rentrée dans le pantalon. Aux pieds qui sont grands par rapport à sa taille, des sandales du genre “Méphisto”. Il marche vite mais en traînant quand même des pieds au milieu des allées. Il a un regard fixe et comme abasourdi, un sourire figé aux lèvres et tourne sans cesse car on le croise plusieurs fois. Personne ne se moque de lui, personne ne lui parle, personne ne l’interpelle comme souvent cela arrive dans les villages avec “son idiot”. Il semble seul, nous sommes en ville. A un moment donné, il va se mettre à côté d’un étal de fruits et légumes et il ne bouge plus. Il se balance en regardant les gens comme s’il jouait à la marchande, peut-être dans une conversation muette. On ne sait s’il est lié à la vendeuse de l’étal qui lui jette de temps en temps un regard bienveillant mais ne lui parle pas ou s’il s’est mis là, et c’est tout. On ne sait pas s’il parle, s’il entend, mais sa présence créé un halo creux, une apnée, au sein du bruissement de ce dimanche.