Une longue file de gens avec des masques qui s’appuient sur leurs chariots qui débordent de plants de légumes, de fleurs, de sacs de terreau, de pots en céramique, de boites d’engrais. Sagement, ils attendent pour payer et font bien attention de rester loin les uns des autres comme cela leur est demandé. Personne ne déroge à la règle même si certains manifestent leur impatience. Il y a quelque chose d’étrange et triste de voir ces allées de bout de nature encagée et de penser à toutes ces jardinières, à tous ces jardins forcément dans la ville ou près d’elle. L’écart se creuse entre la docilité partagée en alignement et l’image que l’on pourrait avoir de la nature. Alors que le désir de jardin est tellement fort, on a le sentiment que l’on est devant un morne mime trop ordonné. Ce que l’on voit ne sont plus les gens qui font la queue mais les plantes qui en file indienne patientent sagement.