On entend sur le marché, une voix de femme rauque et cassée qui raconte une histoire, avec des rires, qui s’arrête, quelqu’un renchérit, elle reprend. On s’arrête pris par une émotion vive d’un souvenir d’enfance. On retrouve instantanément le souvenir de femmes autour du lavoir dans le village qui parlent entre elles, s’exclament et rient. Des voix comme celle-là, avec cette fêlure, qui ne racontent pas grand chose mais c’est quand même important. D’ailleurs celles qui ne disaient rien se faisaient plaisanter, rabrouer: “et alors, tu dis rien ? “. On écoutait, on ne comprenait pas grand chose de ce qui se disait mais ces voix rocailleuses des femmes des villages mêlées au bruit de l’eau qui s’écoule étaient des moments de quiétude attentive. Cette voix dans la ville bruissante, cette voix qui se casse et s’éraille dès qu’elle parle vite, nous ramène aux présences douces et minérales des oliviers dans notre vallée.