L’homme aux cheveux blancs et au regard bleu et dur vous accueille sèchement. Il vous salue à peine et vous tend le gel hydroalcoolique et un masque. Il vérifie que le masque soit bien mis sans un mot et vous demande de bien vous laver les mains entre les doigts jusqu’à ce que le produit ait pénétré. Il vous fait signe de le suivre dans son cabinet et vous demande pourquoi vous êtes là. Vous aviez transmis toutes les informations, vous recommencez à expliquer. Il vous fait sentir qu’il vous en veut d’être venue. Mais il fait son travail. Il vous ausculte, il prend votre pouls, votre tension, se rend compte qu’effectivement votre situation se dégrade, il fait des ordonnances. Son large masque blanc, les lunettes devant ses yeux et sa froideur vous le rendent absolument étranger. Alors qu’il commence à vouloir échanger avec vous, à établir un lien parce qu’il pense que vous avez peut-être eu raison de venir, votre certitude de ne pas pouvoir le reconnaître le jour où vous le croiserez le visage nu, vous rend mutique.