Elle parle très vite. On perçoit qu’elle occupe tout l’espace de la parole pour empêcher quelqu’un de parler. Elle finit par dire devant votre air étonné par ses questions qui ne correspondent pas à son âge : “c’est pour mon fils” dans un souffle comme s’excusant. On tourne la tête et on voit qu’il est là, immense, les bras ballants avec un regard à la fois implorant et buté. Délibérément alors, on s’adresse à lui en passant par dessus le flot de paroles. Au lieu de répondre à la mère, on pose des questions au fils auxquelles il répond calmement. Peu à peu, vous dialoguez normalement, il sourit, se rassure devant les difficultés à venir et vous apercevez que sa mère s’est tue. Elle s’est mise en retrait, il a pris peu à peu sa place face à vous. Elle a les bras croisés sur la poitrine et vous regarde avec une animosité certaine comprenant que cette exclusion de la conversation est le début de son départ à lui vers ce monde qui est le vôtre.