Un homme avec un tee-shirt blanc, un long tablier bleu plastifié et des haute bottes en caoutchouc se tient devant son petit étal de poisson. Il tient un petit étal sur le parking d’une jardinerie. Il nous a dit qu’il avait aussi un étal tenu par sa femme dans le grand marché du centre où il y a une allée de poissonniers. On le retrouve quelque jour plus tard à cet étal. Il est facilement reconnaissable car il est très grand ce qui est accentué par la petite taille de sa femme. Elle est assez ronde, les cheveux noirs et bouclés, elle porte des lunettes carrées avec des montures en écaille. Elle porte aussi un large tablier bleu plastifié dans lequel elle semble un peu engoncée. Elle a le verbe haut et mène la danse en distribuant le travail, l’un qui sert, l’autre qui vide et prépare le poisson et elle, qui est à la caisse. C’est elle qui interpelle les clients, qui fait attention de l’ordre dans lequel ils sont arrivés, qui prête attention aux habitués, qui donne des conseils. A plusieurs reprises, quand son mari sert un client ou une cliente, elle vient vers lui et on comprend qu’elle lui demande de changer le poisson, et une fois ou deux, à haute voix, elle lui dit « mais non, il va prendre plutôt celui-là, le monsieur » en lui désignant un autre poisson précisément. Chaque fois, il le fait sans dire un mot. Pourtant à un moment, elle lui désigne un poisson et il fait un non imperceptible de la tête. Elle se reprend et dit aussitôt « ou bien, madame prendra celui-là, non ? ». Ils se regardent, on ne voit pas leur sourire derrière le masque. On sait que c’est lui qui va chercher et choisir le poisson tous les matins mais qu’elle doit rester dans son rôle de maîtresse de l’étal. C’est le jeu avec les clients et entre eux.
Un jour, une description, le 4 novembre