Une voix amie au téléphone. On est toujours un peu sur ses gardes quand cette amie vous appelle car la conversation est parfois très longue sans qu’elle donne vraiment la raison de son appel. Comme si elle ne savait pas vraiment ce qui n’allait pas mais qu’elle le sentait suffisamment pour avoir envie de vous parler. Sachant cela, lors de son dernier appel, vous aviez posé une question directe qui l’avait faite pleurer. Vous vous en voulez encore. Vous parlez comme si vous marchiez sur des œufs mais vous essayez quand même de savoir de quoi il s’agit. La conversation démarre comme souvent tranquillement, banalement, et puis elle commence à vous évoquer une souvenir commun. Vous avez le sentiment qu’elle a entièrement transformé ce souvenir, que ce qu’elle raconte n’est pas vrai même si cela part de faits réels. Elle parle de vous à ce moment-là avec beaucoup de certitude et vous pensez que c’est complètement faux. Vous le lui dites. Vous essayez de donner votre version, d’être factuelle. Elle ne le supporte pas et dévie la conversation. Cela arrive plusieurs fois. Souvent. Vous vous rendez compte qu’elle reconstruit le réel et que lui dire qu’elle se trompe et donner une autre version, la fait souffrir. Vous renoncez. Vous l’écoutez. Vous êtes inquiète.
Un jour, une description, le 3 novembre