un jour, une description, les recommencées

31 mars 2021

Un homme traverse la rue devant nous en dehors des passages protégés. On pense que c’est quelqu’un de pressé. Il a des lunettes très dessinées qui nous font immédiatement penser à quelqu’un dans le design ou l’architecture. Son habillement très jeune alors qu’il semble déjà âgé, nous confirme dans cette impression fugitive. On est juste étonnée par le sac plastique noir qu’il tient à la main. Un peu plus tard, on le retrouve perché tel une vigie sur un banc public, les mains en visière semblant guetter quelque chose ou quelqu’un. Il n’en finit pas de rire de manière inquiétante. On le rencontre encore quelquefois dans le quartier. Chaque fois, il montera sur quelque chose, une poubelle, un banc, des parcs à vélos, pour regarder. Il fouille chaque endroit du regard, il se tourne pour regarder derrière lui, il crie parfois, rit toujours. Il ne parle jamais à personne, il n’interpelle pas les passants. Dans la rue, il est toujours habillé comme un jeune homme, assez soigné, il marche vite comme s’il allait à un rendez vous, à une réunion. Et puis il grimpe et scrute. Un homme qui attend quelqu’un, indéfiniment. Un homme perdu. Encore un. 

Un jour, une description, le 19 octobre