Deux jeunes gens qui prennent un goûter dans une salon de thé parisien très chic et très ancien. Il sont assis face à face et regardent ensemble quelque chose sur un de leurs deux i-phone. Ils rient puis ils prennent la carte et semblent la commenter très sérieusement. Ils se lèvent pour aller voir la vitrine à tour de rôle, reviennent en échangeant sur leur choix. L’un d’entre eux dit « mais on prend la même chose alors » et l’autre répond « on prendra d’autres choses la prochaine fois ». Le serveur arrive et demande d’un ton pincé s’ils ont choisi, très détendus, ils passent leur commande. On ne sait si le ton pincé et l’attitude un peu méprisante du serveur guindé sont ceux qu’il a en permanence où s’il les réserve à ces jeunes gens qui dénotent dans le décor. Ils sont jeunes, habillés avec des joggings, baskets, casquettes, petits sacs en bandoulière, doudounes, de grandes marques mais très différents des tailleurs, costumes, mocassins, manteau bleu marine, enfants tirés à quatre épingles, qui peuplent ce lieu. On a le sentiment qu’ils n’ont rien à faire de cet écart, qu’ils sont venus pour ce faire plaisir, qu’ils savent parfaitement ce qu’est cet endroit, quelles sont ses spécialités et qu’ils sont heureux d’être là. Ou bien, on peut penser aussi qu’ils ont l’habitude de cette attitude entre mépris et condescendance, qu’ils vont souvent dans des lieux où ils ne sont pas attendus et qu’ils ont décidé de ne pas s’en offusquer et de profiter des moments qu’ils s’offrent. Leur libre gourmandise est belle et joyeuse.
Un jour, une description, le 16 octobre