un jour, une description, les recommencées

12 mars 2021

Une dame dont on n’arrive pas à déterminer l’âge. On revient après longtemps dans une ville où l’on a vécu une vingtaine d’années. On s’installe au café où l’on avait l’habitude de venir sur une place avec des grands parasols. On commande une noisette et un verre d’eau à la même serveuse et en face de nous, on voit exactement le même groupe de personnes. On a l’impression qu’aucun d’entre eux n’a changé. Trois hommes et deux femmes qui sont très familiers les uns avec les autres, mais dont on a jamais pu comprendre s’ils avaient des liens autres que le fait de se retrouver là, deux fois par jour en fin de matinée et en fin d’après-midi. On calcule et on se dit qu’ils doivent tous avoir autour de soixante-cinq ans aujourd’hui. Une des deux femmes est singulièrement inchangée. Elle porte les mêmes habits moulants et colorés, les hauts « stilettos », les longs cheveux noirs raidis et la frange épaisse, les grandes lunettes de soleil et le maquillage appuyé. Surtout on retrouve son absence complète d’expression. Elle a toujours le même visage figé qui ne sourit jamais. Pourtant les autres parlent vivement, sont au contraire très expressifs, ils rient beaucoup. Elle parle souvent mais avec toujours une certaine froideur. On dirait qu’elle se protège de cette familiarité quotidienne qui pourtant la conduit jour après jour à venir là. Elle se met à distance tout en étant des leurs. Une forme d’élégance.  

Un jour, une description, le 11 octobre