Un restaurant, une terrasse qui donne sur la mer ou plutôt sur un bassin, la marée monte. Il y a du monde et le restaurant est vite complet. Quatre femmes s’installent à la seule table restée vide, elles semblent habituées et savent tout de suite ce qu’elles vont commander comme coquillages. Leur discussion tourne autour de l’apéritif qui semble très important pour elles. L’une veut les inviter mais se ravise, une autre demande si elles ne feraient pas mieux de commander une bouteille de blanc tout de suite, l’autre dit que non, elle veut un kir, la discussion roule et on se rend bien compte que c’est leur manière à elles de s’installer ensemble dans le repas. Quand on les regarde mieux, on se rend compte qu’elles sont de générations très différentes et que peut-être, il y a là, la mère et la fille, la tante et des nièces. En tous les cas, on sent entre elles une grande complicité, des amitiés, des temps partagés. L’une était arrivée avec un foulard noué sur sa tête et on s’était demandé si cela cachait une calvitie, une absence totale de cheveux et on a pensé aux effets d’une maladie. A un moment donné, les autres ont commencé à dire qu’elles avaient trop chaud et une première a pris un foulard dans son panier et l’a mis autour de sa tête, en riant, les autres ont suivi. Elles étaient toutes les quatre coiffées de ces turbans colorés plus ou moins bien noués. On ne sait si c’est pas solidarité avec celle qui en avait déjà un ou bien juste parce qu’elles avaient envie de faire cela ensemble. Elles faisaient ressembler ce moment à un tableau, une scène de femmes enturbannées autour d’une table avec des couleurs vives et des formes précisées dans leurs moindres détails.
Un jour, une description, le 6 octobre