Un homme d’environ trente-cinq ans, très grand, large, très musclé et dont la seule présence physique dégage une force impressionnante. Le match est fini depuis trente minutes, il est douché, habillé avec les habits fournis par le club, il se rend vers le point presse pour répondre aux questions. Il n’aime pas vraiment ça. Il aurait préféré traîner avec les autres joueurs dans le vestiaire pour faire redescendre la pression et plaisanter, savourer la victoire qui a été difficile aujourd’hui. Et puis, il y a eu une bagarre générale et il pense qu’on va lui en parler car elle a duré longtemps malgré l’intervention de l’arbitre et il sait qu’il s’est beaucoup énervé et que les images doivent tourner en boucle. Il essaie de trouver les bonnes phrases dans sa tête, il se prépare. Il a l’habitude depuis qu’il est capitaine. Il faut qu’il arrive détendu, souriant, qu’il écoute poliment et qu’il réponde simplement mais intelligemment en faisant une ou deux plaisanteries. Il sait faire. Pourtant il est encore plein d’adrénaline et il sent qu’il est encore dans le match alors qu’il devrait prendre du recul. Cela fait partie de ses tâches mais il ne s’y fait pas, pas encore. Il a l’impression de jouer au bon élève après s’être battu dans la cour de récréation. Il est dans le couloir qui mène à la salle où l’attendent des journalistes, il s’arrête secoue les épaules plusieurs fois, souffle comme s’il rentrait dans le stade. Il entre dans la salle et se met devant le panneau des logos, les micros se tendent. Il commence un autre match.
Un jour, une description, le 2 août