Un maître d’hôtel d’un restaurant de plage assez chic. Tous les jours, il doit veiller à tout mettre en place et à se tenir prêt. Il aime cette routine, consulter les réservations, organiser les tables, et puis accueillir les gens, les conduire à leur table, les installer. Faire tout cela avec calme et en souriant, c’est son métier. Pourtant, il se sent démuni. Certes, le restaurant a pu réouvrir mais ils doivent tous porter le masque, tout le personnel, les clients quand ils arrivent et se déplacent, et lui. Comment les accueillir en souriant ? Il essaie devant une glace de sourire avec les yeux, il s’exerce à parler plus, à être plus expressif. Il fait de son mieux. Il fait chaud, il ne doit pas faillir et il garde son masque malgré la buée sur les lunettes et malgré la sueur. Il a peur que les clients voient cette sueur qu’il essuie régulièrement en cachette. Ce geste de s’essuyer lui semble horriblement intime, quelque chose de corporel qui ne doit surtout pas apparaître dans son travail. C’est pire que d’avoir une tâche. Il se sent honteux et envie l’insouciance des jeunes serveurs qui s’essuient à grands coups de mouchoir devant tous et dès qu’ils le peuvent s’affalent sur une chaise. Il veut tenir. Ne pas montrer les humeurs et son humeur, rester à cette place qui est la sienne.
Un jour, une description, le 12 juillet