un jour, une description, les recommencées

27 octobre 2020

Le quai d’un port qui rutile de yachts immenses, brillants, comme boursouflés, obscènes. On commence par les regarder, puis on se rend compte qu’ils sont là pour cela, qu’on les regarde depuis le quai. Tous les bateaux ont leur pont arrière face au quai. Le grand deck extérieur aménagé en un vaste salon est donc comme une petite scène et nous sommes les spectateurs. On voit des gens qui parlent, mangent, boivent, dansent, sont bien habillés, parfois de manière très clinquantes. Chaque bateau a sa petite scène et sa tonalité : plus chic, plus « british », plus jeune, plus rock, plus bohème, plus famille, etc… On pense aux émissions de télé-réalité. On est dedans, on se sent à la fois honteux d’être pris au piège du regard et perdu car on ne sait plus où on est, la petite ville, le paysage, l’histoire, tout a été aspiré par le spectacle outrancier. Les plus jeunes sont les plus bruyants, les plus ostentatoires, jouant à être heureux, à être beaux et riches. Leurs rires stridents nous glacent évoquant certains films américains montrant le désespoir d’une jeunesse dorée sans avenir. On les regarde en se demandant ce qu’ils vont devenir, fils et filles “de” déglingués ou femmes et hommes d’affaires brillants et impitoyables ? On se surprend à avoir peur pour eux.

Un jour, une description, le 1er juillet