un jour, une description

26 juillet 2020

Une toute petite échoppe à l’entrée d’un marché couvert où l’on vend des spécialités antillaises. L’homme qui la tient est grand, le visage déjà marqué et il parle beaucoup quand il cuisine et qu’il sert. Beaucoup de clients lui demandent des accras et il les fait à la demande, alors pendant qu’ils cuisent, il blague, interpelle tout le monde, semble très à l’aise. Chez lui. Souvent, il n’est pas à son échoppe et part faire des courses, boire un café, parler avec un autre commerçant, livrer quelqu’un. On est obligé de passer et repasser si on veut vraiment lui commander quelque chose. Un matin, il part longtemps, on le cherche, et on finit par demander à la boulangère juste en face, si elle sait où il est. Elle est d’abord avenante quand vous approchez, car elle croit que vous allez lui acheter quelque chose, mais quand elle entend votre question, elle fait une moue dégoûtée et vous dit “Celui-là, qu’est-ce que j’en sais ! et vous allez lui acheter quelque chose à cet homme là ?”. Le sous-entendu raciste de la phrase vous effraie. Vous restez plantée là à l’attendre comme si vous deviez les défendre, lui et sa petite échoppe, qui pourraient être poussés hors du marché par la bêtise.